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977
Le duc et la duchesse des Francs faisaient face à une situation délicate. De vilaines rumeurs prétendant que les jumeaux provoquaient des événements surnaturels avaient fait leur chemin jusqu’à leurs oreilles. Ce qui les troublait, outre la nature scandaleuse de tels propos, était qu’il y avait plus d’une histoire qui circulait. Un jour, il s’agissait de jouets flottant tout bonnement dans les airs. Le suivant, c’était plutôt des plantes qui grandissaient anormalement vite. Un peu plus tard, c’était au tour des animaux d’agir étrangement en présence des enfants.
Hugues Capet craignait l’effet que pouvait avoir ce brouhaha sur sa réputation. En tant que deuxième personnage du royaume, il ne pouvait se permettre qu’on nourrisse une quelconque forme de doute à son égard.
Adelaïde d’Aquitaine, quant à elle, était de nature plus superstitieuse. Elle craignait que ces bizarreries découlent directement des maladies fréquentes de Robert.
Le couple ducal procéda à la séparation des jumeaux le temps de déterminer s’il y avait de la vérité derrière les rumeurs et, dans l’affirmative, si les épisodes étaient liés à un enfant en particulier ou à la proximité des deux progénitures. Une longue enquête révéla que Charlotte était la source de ces malheurs.
Les parents avaient une décision difficile à prendre. Ils se donnèrent quelques jours pour y réfléchir…
Du moins, c’était ce qu’ils avaient conclu.
La duchesse était ravagée par la peur… La peur que sa fille soit découverte publiquement, la peur qu’on remette en question la position des Capet, la peur de voir la confiance de leurs vassaux et alliés s’effondrer… Elle ne pouvait simplement pas attendre avant d’agir.
Ainsi, Adelaïde amena un homme de confiance afin d’accomplir la sale besogne qu’elle n’avait le courage de faire elle-même. Peu de lumière filtrait dans la chambre de la petite puisque d’épais nuages couvraient la lune, mais il était quand même facile de discerner la frêle silhouette de Charlotte. Celle-ci dormait à poings fermés, serrant fortement sa couverture. La mère donna l’ordre d’un mouvement de menton et détourna le regard.
- Mama…? Ma!Passage violent [16+]
- Spoiler:
Un bruit étouffé ne laissa aucun doute que l’homme s’était mis à l’oeuvre. Le bruissement de draps laissait sous-entendre une violente résistance. La duchesse tenta de compter mentalement afin d’oublier les sons qui se rendaient à ses oreilles. Hélas, elle était incapable de laisser son esprit vagabonder ailleurs tandis que sa progéniture perdait tranquillement la vie.
- Ça suffit, arrêtez! ARRÊTEZ! hurla-t-elle en se ruant sur l’homme, puis elle lui arracha l’oreiller des mains. Partez, je vous prie, et ne parlons plus jamais de ce soir… Elle prit alors son enfant dans ses bras et la berça tout en versant des larmes silencieuses. Tout va bien, ma chérie, tout va bien… Le méchant homme est parti, il ne t’arrivera plus rien...
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980
Le clapotis de la pluie se mêlait doucement au grondement du tonnerre. Cette mélodie tantôt apaisante, tantôt farouche, berçait la lady. Recroquevillée sur un coussiège, elle se remémorait la simplicité de la vie à Orléans. Les yeux ainsi clos, elle pouvait s’imaginer y être sans peine, car… un orage ici sonnait identique à ceux de là-bas. Le tonnerre n’avait pas d’accent normand. Les gouttes d’eau ne tombaient pas différemment à Caen.
Dans cette noirceur, Charlotte pouvait prétendre que personne n’avait conseillé au duc des Francs d’exiler sa progéniture chez sa tante, Emma, afin de l’éloigner des mauvaises langues du clergé. Son oncle, Richard 1er, n’était pas dans l’obligation d’assurer que sa nièce avait fait tout ce chemin pour un mentorat artistique et non pour une autre raison.
Ici, dans son imagination, la fillette n’était jamais à la source d’une quelconque manifestation étrange.
Au plus profond d’elle-même, elle était normale…
… Et non pas une lady sans duché.
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982
Y avait-il quelque chose de plus libérateur que de se promener à dos de cheval? L’eau était tel un miroir reflétant le soleil levant et les nuages. La lady savourait le vent dans ses cheveux et l’odeur de la mer. Elle se délectait du visuel spectaculaire que lui offrait la plage en cette balade matinale. Il lui semblait que rien ne pourrait ruiner ce moment magique…
…Puis une flèche vint se planter dans le cou de sa monture.
Il n’en fallut pas plus pour que la cavalière soit expulsée de sa selle. Heureusement, celle-ci eut le réflexe de rouler de côté et évita ainsi le pire du piétinement de l’animal mourant. Elle ne parvint pas, toutefois, à esquiver le coup de pied dans l’abdomen de son potentiel assassin.
Où était son accompagnateur quand elle en avait besoin?
- Vous êtes une honte pour la couronne, sale sorcière!La princesse savait que les rumeurs sur ses supposés pouvoirs surnaturels n’étaient jamais bien loin… Mais elle pensait que vivre à Caen avait réussi à la faire oublier des plus zélés représentants de l’Église. D’autant plus qu’elle ne pratiquait aucune forme de sorcellerie! C’était carrément impossible puisque la magie n’était qu’une plate excuse pour martyriser la populace.
Passage violent [16+]
- Spoiler:
Son assaillant, quant à lui, croyait malencontreusement à ces foutaises et il comptait éliminer la menace qu’elle représentait avec son épée. Il cherchait visiblement à lui trancher la tête. Sa victime para les coups de son mieux, mais fut néanmoins transpercée tout juste en-dessous de la clavicule. Elle hurla de douleur. Son adversaire tourna sa lame dans la plaie pour le simple plaisir de la faire souffrir avant de l’achever. Elle implora sa pitié… Or, elle ne reçut qu’un crachat en plein visage.
Enfin, l’homme qui avait été chargé de la protéger se joignit au combat. Il prit son épée à deux mains et l’abattit lourdement sur le cou du maltraiteur, lui servant la sentence qu’il avait réservé pour l’enfant.
- Je suis désolé, lady Charlotte. Cet infâme personnage avait des accomplices, entreprit-il d’expliquer tout en prenant la fillette dans ses bras. C’est alors que cette dernière remarqua à quel point son sauveur était en mauvais état.
Retournons vite au château, que des guérisseurs puissent vous soigner.Charlotte passa à un cheveu de la mort ce jour-là. Il était devenu évident qu’on ne cesserait jamais de la pourchasser tant qu’elle serait en vie… Ainsi fut-il décidé d’annoncer son décès plutôt que son rétablissement. On l’envoya très loin, là où personne ne savait qui elle était, à un endroit qui ne pouvait être associé aux Capet.
La solitude fut extrêmement difficile à supporter pour l’enfant, qui ne savait que faire de son temps. Elle trouva refuge dans l’écriture, passe-temps qui lui permit aussi de se construire une nouvelle identité : Violette. Ce nom de plume lui permit de raconter son histoire dans l’anonymat, récit qu’elle retravailla au fil des années jusqu’à la publication des premiers
Périples de ma demoiselle Violette à l’été 988.
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987
- L’histoire n’attend pour personne, répétait toujours Hugues Capet bien longtemps avant de devenir roi des Francs.
La philosophie de ce grand homme n’était pas de croire aveuglément au destin, mais plutôt de mettre la main à la pâte pour façonner l’avenir à l’image de ses ambitions. Il avait inculqué cette façon de penser à ses descendants, incluant sa « défunte » fille.
Jamais ne lui avait-il fait sentir que son importance au sein de la famille était diminuée parce qu’elle était forcée de vivre dans l’ombre. Au contraire, son anonymat lui ouvrait des portes autrement fermées aux membres de la nouvelle dynastie capétienne. Au risque d’attiser la jalousie de ses autres progénitures, le père de famille cultivait l’intelligence de Charlotte plus que quiconque d’autre. Si cette dernière était née de sexe masculin, il y avait fort à parier qu’elle aurait été nommée héritière à la place de son jumeau, Robert.
Hélas, le destin en avait décidé autrement…
Cela n’empêcha toutefois pas le couple royal de manigancer une visite secrète au château de Senlis de leur bien-aimée Charlotte à la suite du vote plaçant Hugues sur le trône. Ils la choyèrent de cadeaux, allant de la chaîne en or au tiara en passant par des bagues, bracelets et vêtements de qualité aux couleurs de leur maison.
Même les autres enfants, Gisèle, Edwige, Robert et Adelaïde (nommée après sa mère), furent plus qu’heureux de revoir leur soeur, et ce, même si ce n’était que pour une courte période de temps. Tous voulaient se réunir afin d’entamer ensemble ce nouveau chapitre de leur vie. Ces quelques heures resteraient gravées à tout jamais dans leur mémoire comme étant l’un des plus beaux jours de leurs vies.
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Chantonnant un air joyeux, la jeune femme déposa sa clé dans un bol de porcelaine. Elle tournoya sur elle-même au rythme d’une valse imaginaire au bras d’un prince illusoire. Pendant un instant, elle crut même entendre les délicieuses notes d’un orchestre. Elle poussa un soupir rêveur avant de déposer le dernier manuscrit des
Périples de ma demoiselle Violette sur son bureau.
L’auteure leva ses yeux vert d’eau et croisa le regard ambré cerné de noir d’une Dame Blanche. Plus étonnant encore que la présence de ce hibou des marais nullement originaire d’Étretat était la lettre que celui-ci tenait dans son bec. Incrédule mais curieuse, la demoiselle à la chevelure d’ébène recueillit la missive puis s’inclina en guise de remerciement envers ce splendide oiseau.
Quel étrange sceau, pensa l’artiste des mots tandis qu’elle passait un doigt sur la cire. Le timbre ne lui était nullement familier… Et pourtant, elle avait une excellente mémoire pour ce genre de choses. Son intérêt vivement piqué, elle ouvrit le billet… Et regretta aussitôt son geste.
Non, c’était impossible… Ce billet ne pouvait avoir fait son chemin jusqu’ici! C’était inconcevable, un point c’est tout! Dieu la testait, il ne pouvait en être autrement!
Paniquée, l’écrivaine enfouit brusquement le courrier sous son oreiller. Elle devait obtenir des réponses le plus tôt possible. Ainsi, elle se rendit au village à la hâte dans l’espoir d’y rencontrer celui qui la mettrait en contact avec sa famille mais, hélas, il fut introuvable. Rien pour apaiser la tornade d’émotions qui la chavirait de l’intérieur.
Violette ne regagna sa petite chaumière qu’une fois le soleil couché. Elle alluma une chandelle comme si un peu de lumière l’aiderait à mieux réfléchir. Elle était incapable de rester en place… Par conséquent, elle choisit plutôt de s’installer à son bureau dans le but d’écrire directement à quelqu’un de confiance. Si elle avait été découverte… Sa sécurité serait compromise.
- Vous n’êtes pas très observatrice, ma foi.La jeune femme sursauta avec une telle intensité qu’elle renversa tout le contenu de son encrier. Elle voulu reculer pour prendre des distances avec l’intrus, mais son dos percuta immédiatement le meuble de bois.
- Que me voulez-vous? s’enquit-elle d’un ton autoritaire.
- Habituellement, on me demande qui je suis… L’homme s’était levé et, malgré la pénombre, elle pouvait facilement deviner qu’il fronçait les sourcils.
Non… Mes yeux me jouent des tours, n’est-ce pas?Son rictus n’avait rien d’encourageant… L’écrivaine tâtait derrière elle dans l’espoir de mettre la main sur quelque chose pouvant lui servir d’arme. Elle avait un terrible sentiment de déjà-vu, ce qui n’augurait rien de bon.
- Mais oui! Un rire mauvais s’échappa de la bouche de l’indésirable.
Princesse Charlotte. Et moi qui croyait n’avoir affaire avec une simple sorcière d’un village côtier, me voilà devant une princesse… tout aussi hérétique!Sir Destroismaisons, voilà de qui il s’agissait! Le subalterne abominable d’un seigneur, qui déformait les principes de l’Église pour satisfaire ses propres ambitions tordues. Ce n'était en aucun cas un homme important, mais il ne devait pas être pris à la légère pour autant. Il était amplement capable de violence gratuite.
- Vous faites erreur sur la personne. Je ne suis ni princesse, ni sorcière.Nier les accusations ne ferait pas partir son visiteur importun, mais si ça pouvait lui acheter quelques secondes supplémentaires pour créer un plan de fuite dans sa tête…
Passage violent [18+]
- Spoiler:
- C’est ce qu’elles disent toutes, ricana-t-il tout en dégainant une dague, mais ce ne sont que des mensonges. Vous devriez savoir mieux que ça. Je crois que je vais prendre mon temps avec vous… Après tout, ce n’est pas tous les jours qu’on peut goûter à de la chair royale.
Non… Il n’oserait pas…
Diantre, oui, il ne se gênerait pas! C’était précisément ce que la demoiselle craignait! Sir Destroismaisons s’était approché diablement vite et tenait désormais sa gorge d’une poigne ferme. De son autre main, il déchirait sa tenue avec sa dague.
Oh, mais il était hors de question que Violette laisse un tel monstre la dépuceler! Elle ne faisait pas partie de ces femmes qui considéraient que de telles atrocités étaient inévitables parce qu’elles étaient du « sexe faible ». Elle n’était pas plus de celles qui croyaient que ça se terminerait plus vite si elles n’offraient aucune opposition. Elle allait se battre jusqu’à son dernier souffle, si c’était ce que ça prenait!
De fait, l’auteure enfonça ses pouces dans les yeux de son assaillant malgré qu’elle commençait à voir des étoiles. Cela suffit à lui faire lâcher prise. Malheureusement, dans sa tentative d’évasion, ses jambes s'enchevêtrèrent dans les pattes de sa chaise qui était tombée quand elle fut surprise par l’intrus. Elle tomba lourdement par terre.
La jeune femme voulut ramper pour s’éloigner, mais son agresseur tira brutalement sur ses cheveux. « Salope! » cracha-t-il près de son oreille, puis il cogna sa tête contre le sol à quelques reprises. Il porta alors la dague à son cou et elle grimaça sous la morsure du métal affilé. Il grogna en l’écrasant de son poids; elle pesta contre lui. Le bruit de pantalon détaché à la hâte la plongea dans un affolement inhumain.
- NON!
La demoiselle aux cheveux noirs donna un violent coup de tête vers l’arrière et eut la satisfaction de sentir le nez de son assaillant se casser. Elle profita de cette distraction pour agripper son encrier du bout de ses doigts et l’envoyer en pleine figure du noble. Le peu d’encre qui restait aveugla ce dernier suffisamment longtemps pour qu’elle constate avec horreur qu’un tas d’objets s’étaient mis à flotter. Elle n’avait pas la moindre idée de comment une telle chose avait pu se produire, mais elle n’hésita aucunement à récupérer son ouvre-lettre et à le planter dans le cou de son adversaire.
L’écrivaine se releva de peine et misère. Elle ne réfléchissait plus. Elle prit un coussin et poussa de toutes ses forces sur le visage de Destroimaisons. Celui-ci lui grafigna les bras, le visage, tout ce qu’il pouvait atteindre… De moins en moins fort… Jusqu’à ce qu’il cesse entièrement de bouger.
Oh… Mon… Dieu…
Violette avait tué un homme. Elle vacilla, se retenant après son bureau à la dernière seconde. Elle avait envie de vomir. La tête lui tournait… Ou était-ce le décor qui tourbillonnait?
Puis ses yeux se posèrent sur le bout de papier qui dépassait de sous son oreiller. Voilà son échappatoire! Elle passa au-dessus du cadavre et saisit la missive… Qu’elle échappa tant ses mains bougaient d’elles-mêmes. Elle ramassa la lettre et prit place à son bureau. De l’encre… De l’en… Merde, elle n’en avait plus!
Une goutte de sang tomba sur son bras. Ça devrait faire.
La jeune femme trempa sa plume dans son propre sang et, d’une main extrêmement tremblante, écrit le message le plus rapide de toute sa vie :
« J’ai besoin d’aide. Amenez-moi à Poudlard. Je vous en supplie. » Elle essuya les larmes qui s’étaient mises à couler sans qu’elle ne s’en aperçoive. Puis elle roula négligemment sa lettre, utilisant un bracelet de coquillages qui traînait tout près afin de tenir le parchemin fermé. Sans grande surprise, la Dame Blanche était réapparue à sa fenêtre. Elle lui remit son courrier taché de ses empreintes ensanglantées.
C’était de la folie que d’espérer que le hibou puisse transmettre son appel à l’aide et lui revenir avec une réponse… Mais si Poudlard était parvenu à trouver une personne censée être morte, il y réussirait bien une deuxième fois! Elle devait y croire.
Dès que l’oiseau l’eut quittée, Charlotte fourra le strict minimum dans un sac de voyage… Enfin, à l’exception de quelques bijoux hérités de sa famille, incluant sa chaîne dorée dont le
pendentif était composé d’une lune et d’une étoile serties de diamants et au centre de laquelle trônait une opale. Elle n’avait pas le cœur de laisser les derniers cadeaux de sa famille derrière.
La demoiselle était sur le point de quitter ce qui avait été sa chaumière ces dernières années quand elle fit demi-tour. Elle donna un coup de pied sur le coussin cachant le visage de son agresseur, extirpa son ouvre-lettre de son cou et l’essuya sur sa cuisse. Elle avait besoin de ce memento afin de ne jamais oublier les événements de ce soir, de ce qu’elle avait dû faire pour survivre.
La princesse lança sa chandelle sur son lit pour que les flammes dévorent sa cabane et disparut dans la nuit sans jamais se retourner.