965 - Ce n'était que des idées d'enfantL'enfant de sept ans se hissait sur la pointe de ses pieds pour regarder par la fenêtre lourdement drapé d'un rideau opaque. Il pouvait percevoir ce qui se passait, approximativement, à l'extérieur avec un air intrigué. Des enfants, un peu plus vieux que lui, s'amusaient dans le grand jardin. C'était des cousins, des cousines, des enfants d'amis et il y avait même sa grande sœur de neuf ans, Nova. Qu'elle était belle sa sœur ! Elle avait hérité d'un mélange judicieux de leurs parents.
L'enfant n'était pas comme elle. Il n'avait pas les cheveux de leur père, Cicero, ni les yeux de leur mère, Pandora. Et encore moins leur peau matte venant des îles bien loin d'ici. Il n'avait rien de tout ça. Hazel était différent et personne ne savait pourquoi. Le terme albinos n'était même pas encore créé à cette époque et ne le sera pas avant plusieurs siècles. Rien ne pouvait l'aider à comprendre pourquoi il était comme ça. Pourquoi ses cheveux et sa peau étaient aussi pâles ? Pourquoi ses yeux étaient aussi rouge ? Pourquoi la lumière l'aveuglait plus que de raison ? Et pourquoi était-il un garçon et une fille à fois ?
Toutes ses questions qui tournaient en boucle dans son esprit avaient finit par faire naître une petite moue boudeuse sur le visage androgyne du jeune enfant. Il avait envie de rejoindre les autres, mais ne pouvait pas. Le soleil semblait le détester, puisqu'il se retrouvait tout rouge s'il exhibait sa peau nue et après cela le brûlait et le grattait. Il fallait alors des baumes de soins et des bandages. Ce n'était pas pratique. Il lui faudrait quelque chose de spéciale pour le protéger. Mais cela n'existait pas ou alors il avait sacrément chaud sous toutes les épaisseurs.
"- Que fais-tu ici ?"
Hazel s'était reculé de la fenêtre sursautant alors qu'il se retournait avec peur. Son père était là. Tout deux savaient très bien qu'il n'avait pas le droit d'être ici, dans le bureau de grand-père Herschel - le père de son père -. L'endroit était pourtant tellement beau, avec les étagères n'ayant que pour thème les runes, chaque livre était même écrit en runique, de quoi perdre un néophyte. Mais pas Hazel, lui, il savait l'anglais tout comme les runes. Parce que pendant que sa grande sœur partait se faire des amis, son grand-père l'occupait avec les runes. C'était leur truc à eux.
"- Je sais qu'il te manque, Hazel. Mais cela fait déjà un an."
L'enfant avait baissé la tête sur le sol, comme pris en faute. Il ne comprenait pas pourquoi ils avaient déjà tous oublié grand-père Herschel. En fait, si, il savait. Les gens avaient tendance à croire que son grand-père était un fou. Un homme qui n'avait en tête que des idées farfelues. Les runes, autre que pour cacher les récits sorciers aux yeux des moldus, était un domaine récent de la magie. Et comme tout truc nouveau, c'était considéré comme dangereux.
"- C'est quoi ça ?"
Hazel avait relevé la tête en vitesse éclair avant de se mettre à courir pour rejoindre le bureau. Mais trop tard. Son père avait déjà les mains sur le journal intime installé sur le meuble, aux côtés de plume et encre. Ce n'était pas chose complexe de comprendre que les écriture, runes Manuscrites, n'étaient pas de la patte du vieil homme. Hazel s'était mordillé la lèvre inférieure, alors qu'il voyait le regard concentré de son père qui semblait avoir des difficultés pour comprendre la signification des runes. Son interrogation se voyait alors que ses yeux allaient sur les croquis dessinés plus ou moins grossièrement. Des dessins d'enfants. Cicero l'avait regardé avec peine, comprenant sans doute qu'Hazel voulait suivre les traces du père qu'il avait toujours fuit. Cicero n'avait jamais été adorateur des runes, il avait toujours préféré les sortilèges.
"- C'est quoi ? Une cape ?"
Son père avait pointé du doigt le dessin d'une cape très géométrique. Pour ainsi dire, c'était un triangle accompagné d'un demi cercle pour la capuche. Hazel s'était approché de son père, regardant le dessin ainsi que toutes les runes qui l'entouraient. Il avait hoché de la tête, un grand sourire étirant ses lèvres.
"- Oui, une cape qui permet d'être invisible comme le demiguise !"
L'homme avait fait une drôle de tête. Son fils avait de l'imagination. Sûrement bercé dans l'idéologie d'Herschel qui pensait qu'avec les runes on pouvaient créer des tonnes de choses nouvelles aux propriétés rivalisant avec les sortilèges. Si son fils pouvait se bercer dans les rêves à cet âge, pourquoi pas, mais il craignait de le voir s'embarquer dans le danger comme Herschel qui avait finit par se tuer à cause d'une expérience. Cicero avait tourné la page pointant du doigt le dessin d'un étrange cercle. Hazel avait récupéré son journal des mains de son paternel, regardant les runes qui présentaient une de ses nombreuses idées.
"- C'est un bac où l'on peut revoir les souvenirs. Mais il me manque plein de détails. Grand-père dit qu'il faut déjà avoir l'idée et ensuite de trouver le comment on peut la rendre possible. J'ai eu l'idée du bac parce que grand-père oubliait plein de choses."
Cicero avait hoché de la tête, attentif à ce que lui expliquait son fils. Hazel avait tourné d'autres pages. Chaque idée, à peine développée de choses farfelues qui étaient improbable et pas souvent utile autre que pour le divertissement : quel idée d'un objet pouvant rappeler que l'on avait oublié quelque chose, sans pour autant dire quoi ? Toutes ses idées ne sortaient pas de nul part, Hazel avait ses anecdotes, expliquant comment telle idée était venu. L'une d'elle était une pierre pour parler aux morts et pouvoir ainsi reparler à Herschel.
Ce n'était que des idées qui noircissaient un journal d'enfant. Un enfant dont l'intelligence n'était plus à démontrer. Cicero ne voyait là qu'un enfant qui s'accrochait à un fantôme. Ce n'était qu'une question de temps avant que ce journal ne soit qu'un lointain souvenir et que ses inventions ne soient rien d'autres que des idées d'enfance.
Jamais cela deviendra réel. Car c'était impossible. Mais au début de chaque découverte, n'était-ce pas impossible avant que quelqu'un n'y parvienne ? Après tout, avant, jamais un sorcier aurait trouvé cela normal de grimper sur un balai ou de secouer d'une baguette.
973 - Un don demande toujours un sacrificeL'adolescent de quinze ans était assis sur le sol du bureau d'Herschel, mais depuis longtemps, c'était le bureau d'Hazel. L'endroit avait bien changé tout en restant semblable. Il y avait ce bordel, les parchemins tantôt en cascade, tantôt accrochés sur les murs. La pièce s'était vu rajouté de nombreuses affaires, des objets en tout genre qui semblaient comme en constructions, la base de beaucoup de choses. Hazel travaillait sur plein de projets en même temps, comme s'il était tout bonnement incapable de seulement se contenter d'un seul. Ses pensées en arborescence, témoignant de sa créativité, ne semblaient pas vouloir le laisser tranquille !
Sa famille le laissait s'enfouir des heures durant dans le bureau. Son père avait bien essayé de condamner l'endroit, trouvant cela trop dangereux de laisser Hazel jouer avec une magie inconnue. Mais cela n'avait pas fonctionné. Disons qu'Hazel s'était approprié, littéralement l'endroit, faisant en sorte d'être le seul à pouvoir rentrer et sortir du bureau. Sa mère avait donc donner le compromis. Il ne devait pas négliger les apprentissages magiques d'autres domaines, limitant ainsi le temps d'Hazel dans son bureau qui devenait plutôt un atelier. Il avait accepté, même s'il était moins intéressé par les sortilèges ou potions que par les runes.
Prenant une grande respiration, Hazel avait levé ses mains. Il s'était mit à runer, la concentration sur ce qu'il voulait faire tandis que les noms des runes sortaient de sa bouche. Il savait ce qu'il voulait faire et pourquoi. Un cercle violacé commençait petit à petit à se parer de symbole dans les airs au fur et à mesure qu'il tissait ses runes avec une rapidité déconcertante. Une fois terminé, il avait tourné le cercle dans sa direction, le guidant jusqu'à son œil gauche. Hazel avait lancé le cercle, celui-ci avait diminué de taille et s'était étendu pour devenir ovale. Le cercle magique était rentré dans son œil.
Un cri de douleur avait résonné entre les murs de la pièce. Hazel s'était penché en avant, les mains sur le sol. Il souffrait d'une douleur encore jamais supporter. Il n'avait pas de mots pour décrire ce qu'il ressentait. Il avait si mal qu'il ne pouvait que fermer ses paupières. Tout ça n'avait duré que quelques minutes quand bien même il avait pensé que cela avait été des heures.
Hazel avait ouvert son œil droit, sentant des gouttes tomber sur ses mains. Ce n'était pas des larmes, mais des perles de nectar de vie. Pas beaucoup. C'était bon signe. Avec précaution, il s'était redressé, avant de fermer son œil droit. Il avait ouvert l'œil gauche. Si les ténèbres englobait son entourage, il pouvait voir la magie qui émanait des livres ou des objets. Et en tournant sa tête vers les murs, il pouvait voir les nombreuses runes qu'il avait installé pour privatiser l'endroit. Il avait réussit.
"- Tu es complètement inconscient, ma parole ! C'est comme ça que mon père est mort. Et toi, tu fais la même chose que lui ? Tout ça pour quoi ? Qu'est-ce que cela t'apporte de t'automutiler ?"
Debout dans le salon, Hazel n'en menait pas large. Il savait qu'il ne pouvait pas se trimballer avec un bandeau pour camoufler son œil, tout comme il savait aucun sortilège ou potions ne pourraient y remédier. C'était irréversible. Sa mère était choqué debout près de la cheminée, essayant de calmé sa sœur qui était bouleversé en comprenant ce qu'avait fait Hazel. Lui, il se trouvait là debout, les cheveux pas assez long pour cacher son œil aveugle du visible.
"- Je peux voir la magie qui entoure chaque chose et chaque être. Les auras. Tout ce qui est invisible, je peux le voir."
Son discours avait fait secoué la tête de son père d'incompréhension. Il ne comprenait pas pourquoi, il voulait voir ça au point de faire de la magie runique hautement dangereuse. Hazel pouvait voir l'aura de son père se mouvoir, son essence magique le suivre à la trace comme une vague. Si son père partait se cacher dans le manoir, il serait capable de le retrouver. Les auras de sa sœur et de sa mère, étaient différentes et ne se mélangeait pas. C'était comme s'il existait autant de couleurs et de nuance que d'individu.
"- A quoi cela va te servir ?"
Son père était désabusé, écartant les bras comme en attente d'une quelconque réponse, une explication. Hazel serait bien incapable de répondre convenablement. C'était comme ça. Cette idée avait germé dans sa tête en se posant une même question. Qu'est-ce que la magie au juste ? Est-ce que c'était possible de la voir ? Non pas voir un lancement d'un sortilège. Mais les fluctuations de la magie entourant l'être dès lors où celui-ci voulait faire de la magie, voir chaque étape de la magie qui se manifestait pour former l'effet souhaité. Il pouvait voir ça et de ce fait mieux comprendre la magie que quiconque. Un sourire excité avait germé sur ses lèvres.
"- Je vais pouvoir créer mes inventions en voyant en temps réel le moindre problème et corriger automatiquement mes erreurs sans y devoir passer des heures à me demander où est le souci."
Il n'avait pas besoin de tester l'objet pour savoir si certaines runes n'allaient pas ensemble ou si tel matériaux ne supportait pas telle rune. Il pouvait le voir directement lors de leur mise en place. Hazel pouvait voir l'aura, avec une nuance et couleur, de la magie de chaque chose et être. Donc si les auras ne se mélangeaient pas pour former un nouveau tout, alors, cela voulait dire que cela n'allait pas.
Mais sa réponse ne semblait pas plaire à son père, ni à sa mère ou à sa sœur d'ailleurs. Alors tard dans la nuit, Hazel avait fait ses affaires. Cela avait été dure de devoir laisser le bureau derrière lui. Mais il savait que sa famille ne voulait pas le voir faire carrière dans ce qu'ils prenaient pour une hérésie. Et de toute façon, s'il restait, cela serait éternellement comme ça : lui cacher dans la bâtisse en ne rêvant que des possibilités qu'il pourrait faire. L'adolescent avait mit tous ses objets mystérieux, encore en construction, dans un sac, n'oubliant pas de récupérer les gallions que son grand-père lui avait laissé, à l'abris de la connaissance de sa famille. Il avait enfilé sa cape de protection solaire en prévision du jour prochain, première de sa création terminé même si la cape n'avait pas une apparence très jolie. Il comptait améliorer ce point. Il avait laissé une simple lettre avant de sortir.
Ce n'était qu'en quittant le nid que l'on pouvait devenir véritablement quelqu'un. Cela ne servait à rien de s'entourer de personnes qui avaient peur de l'avenir. Hazel ne vivait pas pour plaire ou pour suivre le sentier. Hazel était de ceux qui vivaient pour lui-même et qui passait sans cesse entre les arbres parce que ce n'était quand fouinant dans des lieux inexploré que l'on pouvait découvrir de nouvelles choses.
[en cours]
