Le membre 'Deryn Black' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

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'Succès/Échec' :

(Sauf que j’avais dit que la rousse était juste passée rapidement à côté de nous sur son balai, et qu’elle était déjà loin, tu ne peux pas l’avoir atteinte et elle peut pas avoir entendu ta réplique XD Elle n’était pas restée après sa pique)

L’air de rien, comme si elle ne venait pas juste d’essuyer une moquerie de la part d’une élève beaucoup plus grande, Deryn avait continué la réponse qu’elle avait commencé à donner à Nayla avant qu’elles ne soient interrompues. Ça faisait tout bizarre à la née-moldue de recevoir des félicitations de la part d’une sang pure, surtout qu’elle ne trouvait pas vraiment qu’elle méritait d’éloges… elle ne serait arrivée à rien sans la verte.

Black lui répéta les règles du jeu, maintenant qu’elle savait comment utiliser la magie pour diriger la balle. Lorsqu’elle proposa d’essayer à nouveau, Drew hocha simplement de la tête à l’affirmative. Elle avait déjà oublié le petit incident avec la rousse sur son balai, et tendit sa baguette pour se parer à répliquer. Toutefois, si Deryn projeta la boule de cuir avec force, sa cible n’était visiblement pas Nayla! Le projectile était passé très loin d’elle. La Poufsouffle était convaincue que la Serpentard ne l’avait pas « ratée », pourtant. Les gants roulés filaient plutôt vers le ciel, en direction d’où avait fui la rouquine un peu plus tôt, tentant de rattraper son balai pour l’atteindre.

L’adolescente n’arriva pas à retenir un léger rire amusé. Certes, elle doutait que leur balle improvisée réussisse vraiment à rattraper l’étudiante plus âgée sur son balai, mais elle aimait bien s’imaginer qu’elle se la prenne en pleine tronche. En tout cas, il était certain qu’elle n’avait pas pu entendre la réplique de Deryn. Nayla, heureusement, n’en manqua pas une miette.

-Bravo à toi…! chantonna-t-elle, le cœur déjà plus léger, malgré sa moue un peu déçue de voir disparaître au loin la cible de Black et le projectile. Mais à cette distance, je ne pense pas qu’on pourra assister au spectacle, si jamais ta léviballe, réussi vraiment à la rejoindre, c’est dommage. Bon, maintenant qu’on n’a plus de balle, qu’est-ce qu’on fait?

Déjà beaucoup plus volubile, tant la situation l’avait amusée, Nayla quitta le ciel des yeux pour se retourner vers Deryn. Elle avait maintenant envie de suggérer plein d’idées de jeux, tous plus amusants les uns que les autres, et elle ouvrit la bouche pour cela, mais la referma aussitôt. Elle n’avait pas envie de tout gâcher en proposant des idées de moldus, et elle n’avait pas la moindre idée de comment les sorcières se divertissaient! Enfin, outre la Léviballe, qu’elle pouvait désormais ajouter à son bagage de connaissances.

-As-tu d’autres jeux de vraies sorcières à m’apprendre, Deryn? lance-t-elle innocemment, l’air réellement de vouloir essayer de vivre comme les autres jeunes filles de l’école.

Si la née-moldue était remplie d’enthousiasme à l’idée d’essayer un autre jeu avec Deryn, la suggestion de celle-ci la doucha assez rapidement. Comme pour la Léviballe, Nayla n’avait pas la moindre idée de ce qu’était un Glyphe. Encore une fois, la sang pure avait qualifié son jeu de « simple », mais c’était aussi ce qu’elle avait dit précédemment, et Drew avait trouvé sa première activité plutôt compliquée. Enfin, il est certain qu’elle était plutôt nulle en sortilèges, pour l’instant, mais quand même… Si elle ignorait carrément ce qu’était un Glyphe, elle n’allait certainement pas briller non plus!

-Eh bien… hésita-t-elle, se mordillant la lèvre inférieur en regardant autour d’elle pour ne pas affronter Black du regard. Je ne déteste pas dessiner, au contraire… commença-t-elle pour espérer avoir l’air positive, sans succès. Mais je n’ai aucune idée comment dessiner un Glyphe. Encore moins neuf. En fait… Qu’est-ce que c’est, un Glyphe? Va-t-on apprendre ça dans les cours, ou est-ce un truc que je devrais déjà connaître avant Poudlard et que je dois découvrir toute seule?

Tant pis si elle avait l’air idiote avec ses questions qui devaient être « évidentes » dans la tête de Deryn. Elle s’était abstenue de prévenir la verte de son ignorance sur la Léviballe un peu plus tôt, et elle avait fait une sacrée bêtise. Tant qu’à avoir l’air demeurée, aussi bien que ce soit en étant honnête ! Et puis, ça collait définitivement mieux à sa peau, la franchise, elle parvenait davantage à respirer comme ça qu’à essayer de faire semblant qu’elle savait de quoi il était question alors qu’elle était réellement dans le noir total.

-Mais si tu veux absolument dessiner, on peut jouer à Dessine-Devine? Je joue toujours avec mes sœurs!

Et il ne fallait pas une maîtrise de la magie pour y arriver!

En plus de se sentir pas mal stupide sous le regard rempli de jugement de Deryn, Nayla ne sut finalement jamais ce qu’était un glyphe, n’obtenant pas réponse à sa question. Dire qu’elle avait eu trois petits grains de courage pour la formuler, ça avait été si difficile d’accepter son ignorance, alors ça l’était encore plus de supporter l’air dépassé de Black. Puis, ça avait été au tour de Drew de proposer quelque chose, puisqu’il semblait bien qu’elle ne connaissait aucun des jeux joués par les jeunes sorciers, aussi bien en suggérer un elle-même! Si tous les sorciers étaient aussi brillants qu’elle se les imaginaient, ils devaient certainement aussi tout connaître du monde non magique… Pas vrai?

Bah non. L’expression dubitative de la Serpentard fit vite comprendre à la petite Poufsouffle qu’elle s’était plantée. Pourtant, Deryn ne rejeta pas l’idée en bloc, et ne quitta pas non plus, s’obstinant à vouloir savoir ce qu’était le jeu proposé par Nayla. Nerveuse, la jeune fille se mit à expliquer du mieux qu’elle le pouvait, se rendant cruellement compte, à mesure qu’elle expliquait, à quel point cela pouvait sembler enfantin et pas à la hauteur des aspirations de la verte.

-Normalement on pige au hasard dans une grosse boîte remplie de petits bouts de parchemins sur lesquels on a tous écrit un mot. Mais comme on n’est que deux… et que ma boîte est à la maison… heu… bredouilla-t-elle en réalisant aussi qu’il lui fallait adapter son jeu. J’imagine qu’on peut juste… penser à un mot? Tu choisis un mot, n’importe lequel, et tu dois le dessiner pour que je le devine. Tu n’as pas le droit de parler, mais tu peux faire des signes pour m’indiquer si je suis dans la bonne voie ou pas.

Et voilà qu’elle prenait soudainement conscience que Deryn allait très certainement essayer de lui faire deviner des trucs qu’elle ne connaissait certainement pas! Empressée de prendre le premier tour pour démontrer comment on joue, Nayla s’empare d’une branche cassée et commence à tracer des lignes dans la terre. Plutôt forte en dessin en général, son esquisse n’est pas trop mal réalisée et à peu près n’importe qui pourrait identifier un blaireau. C’était peut-être évident pour une Poufssoufle, mais c’était bel et bien la première chose à laquelle elle avait pensé.

-Alors, peux-tu deviner?

(Deux semaines avant de te répondre, j’ai vraiment honte…)

Nayla déglutit difficilement et rougit jusqu’aux oreilles. Dire qu’elle trouvait que son blaireau était réussi. Mais si Deryn ne comprenait pas ce que c’était, elle qui semblait si brillante en toutes situations, alors ça devait être sa faute, et non celle de la verte, pas vrai? Drew pencha la tête un peu sur le côté, comme pour essayer de voir son œuvre selon l’angle de Black, et songea qu’en effet, il y avait peu de différences entre les chartiers et les blaireaux. Voilà que, pour une fois, la née-moldue n’était pas désorientée par la réponse de la sang pure : elle avait beaucoup étudié son livre de créatures magiques, du coup elle savait un peu de quoi avait l’air le chartier et pouvait comprendre la confusion de sa nouvelle amie. Après tout, celle-ci étant une sorcière depuis toujours, c’était certainement ancré dans ses habitudes de penser aux créatures magiques avant de penser à un simple animal. Logique. Ne voulant point offusquer la Serpentard, la Poufsouffle hocha la tête et se colla finalement un sourire un peu timide sur le visage.

-Oui, c’est ça… murmura-t-elle, bien qu’il était trop évident qu’elle mentait.

Toutefois, Deryn n’allait probablement pas remarquer l’expression de mauvaise menteuse de Nayla, puisqu’elle agitait déjà sa baguette en l’air pour tracer, à l’aide de jolies particules lumineuses, une forme ressemblant à un chartier, afin de montrer comment elle l’aurait fait. Bien qu’elle trouvait son propre dessin beaucoup plus raffiné, malgré sa méthode plus basic, Drew ne put s’empêcher d’avoir le regard brillant devant la manifestation de magie. Visiblement, celle-ci ne cesserait jamais de la surprendre.

-Je… je veux savoir comment faire ça! s’exclama-t-elle, ses grands yeux verts tout écarquillés alors que le dessin dans les airs s’évaporait. Oh, s’il-te-plait Deryn, montre-moi à dessiner dans les airs, je t’en prie je t’en prie je t’en prie ! répétait-elle inlassablement, sautant un peu sur place d’excitation, comme la fillette qu’elle resterait un peu toujours dans son cœur. C’est trop joli.

Dans son énervement et sans avoir pensé aux conséquences que son geste pourrait avoir, Drew avait attrapé le bras de Black d'une main, se voulant certainement affectueuse, oubliant qu'elle ne la connaissait que depuis le jour même.

Autant Nayla n’avait même pas réalisé qu’elle s’était agrippée au bras de Deryn, autant cette dernière n’avait pas réagi non plus à ce geste, si bien que la petite Poufsouffle ne retira pas sa main tout au long des explications de la Serpentard sur la procédure magique. Explications on ne peut plus vagues, d’ailleurs. Si Black croyait probablement que ses indications étaient « simples à suivre », pour Drew ça manquait gravement de détails!

Elle n’avait pas la moindre idée de ce que « concentrer sa magie » pouvait bien signifier. Et la formule? N’y avait-il pas des mots magiques à dire pour faire apparaître la poussière brillante qui servirait à dessiner? La baguette devait-elle lui servir comme un crayon? Mais comment enclencher le processus? Toutes ces questions se bousculaient dans la tête de la pauvre née-moldue, laquelle n’avait toujours pas lâché le bras de la sang pur, qu’elle dévisageait avec de grands points d’interrogation dans le regard.

-D’accord, répondit-elle pourtant avec simplicité, comme si les banales explications de Deryn avaient rempli leur objectif. Donc je… vais essayer, hésita-t-elle, ne pensant qu’à cet instant à enlever sa main de sur sa nouvelle amie. Oh, pardon, je t’ai touchée… je ne m’en étais pas rendu compte… marmonna-t-elle en rougissant de nouveau jusqu’aux oreilles, se détournant prestement pour tourner le dos à Black, ne voulant pas être déconcentrée par sa vue.

Inspirant et expirant profondément pour se recentrer, la jeune fille leva sa baguette à la hauteur de son regard, et fixant le vide, traça des formes dans les airs, espérant que des petites paillettes viendraient maculer l’air en petites lignes délicates. Rien. Se mordant la lèvre inférieure nerveusement, elle se « concentra » sur l’extrémité de sa baguette, comme si la regarder avec insistance pouvait y transférer sa magie, puis recommença. Toujours rien. Dès la première étape, elle n’arrivait à rien. Comment pouvait-elle être aussi minable en tout? Dessiner avait pourtant toujours été une seconde nature chez Nayla. Elle ne pouvait quand même pas être nulle dans ce domaine magique!

-Heu… c’est quoi encore la formule magique? osa-t-elle demander, sachant très bien que Deryn avait omis de le lui dire… et réalisant soudainement qu’elle ne se souvenait pas non plus l’avoir entendu en prononcer une lorsqu’elle avait dessiné magiquement non plus! Zut alors, s’il n’y avait pas de sortilège, comment devait-elle procéder?

(Scrazeul??)

Beaucoup de sang-purs avaient montré du dégoût face à la née-moldue, en particulier si celle-ci les touchait, toujours sans que ce soit intentionnel, bien entendu, en se penchant pour ramasser un truc tombé, ou en se retournant trop vite et tombant nez à nez avec quelqu’un. Presque toujours, la réaction des sorciers à l’origine « supérieure » démontrait qu’un simple contact avec Nayla était la chose la plus écœurante qu’ils aient jamais vécue. Elle pouvait alors les voir s’essuyer comme s’ils avaient de la merde sur le vêtement, pincer leur nez comme si elle empestait, ou même s’auto-nettoyer d’un sortilège de récurvite, comme si elle était empreinte d’une horrible maladie contagieuse et qu’il fallait à tout prix éviter un contact avec elle, sans quoi on tomberait « malade ».

Du coup, le fait que sa proximité, et même son toucher, n’embête pas Deryn, ça lui redonnait un brin d’espoir envers le monde de la sorcellerie. Bien qu’elle n’était pas encore à Poudlard depuis très longtemps, le contact humain lui manquait, elle qui était habituée à recevoir chaque jour des gestes affectueux et des étreintes de la part de ses sœurs. Mieux même : Black en se contentait pas d’être indifférente à son contact, elle en initiait elle-même, venant prendre la main de Drew, blottie dans son dos, pour bien lui démontrer les bons mouvements de baguette. La jaune était tellement soulagée de recevoir un peu de chaleur humaine qu’elle rata une bonne partie des invectives de la verte, ne retenant que l’important…

-Pictoringo, répéta-t-elle dans un murmure, davantage pour montrer qu’elle avait compris que pour jeter le sortilège, puisque sa propre baguette avait déjà réagi à l’incantation prononcée par Deryn, étant donné qu’elle tenait sa main au moment où elle l’avait prononcé.

Les étincelles qui les entouraient sans réelle forme fixe se reflétaient dans les iris des deux jeunes filles. Amusée par le spectacle, Nayla se retourna vers Deryn, laquelle lui tenait toujours la main et se trouvait encore dans son dos, pour voir ses yeux verts remplis d’étoiles dorées qui lui coupèrent le souffle. Elle trouva alors son amie plus belle que tous les spectacles de lumières que la magie pouvait lui présenter. Le visage de Drew s’éclaira d’un sourire si vrai qu’il fit rebondir ses joues jusqu’à ses yeux.

-Tu es tellement gentille de m’aider, Deryn, s’exclama-t-elle en reculant d’un pas afin d’instaurer un espace entre elle et sa nouvelle amie, mais seulement pour pouvoir tracer un dessin de paillettes devant Black.

Rien de très compliqué, ni bien réfléchi, mais qui représentait bien comment elle se sentait à l’instant : remplie d’affection. Sa baguette crachant toujours des étincelles d’or, Nayla forma un grand cœur brillant devant Deryn, puis rigola en le chassant d’un geste de la main comme l’avait fait la Serpentard un peu plus tôt, et se jeta dans ses bras pour l’enlacer.

-Merci Deryn! Je t’adore!

Tant pis si elle n’était pas de son avis, Drew venait de décider à l’instant que Black était sa meilleure amie, point! (Bon, oublions le fait qu’elle était surtout sa seule amie…)

Voilà qu’elle avait encore fait une bourde. Quand cela cesserait-il? Probablement jamais… Nayla sentit distinctement le trouble de Deryn, palpable au travers la droiture de son corps lorsqu’elle l’avait enlacée, et audible dans son bafouillement qui ne répondait pas directement à la déclaration affectueuse de la jaune. Décidément, celle-ci était allée trop loin, trop vite… et sentit son cœur s’émietter dans sa poitrine. Elle avait eu l’impression, l’espace d’une minute, que la verte l’appréciait bien, mais son état figé laissait comprendre le contraire. Essayant, bien inefficacement, de ne pas perdre la face, Drew recula d’un pas et regarda le château, par-dessus l’épaule de Black, pour ne pas avoir à la fixer dans les yeux.

-Oh, dis donc, le temps a passé trop vite! s’exclame-t-elle en peinant à bien articuler correctement, puisque sa bouche était devenue toute sèche d’un coup. Il faut aller se préparer pour le cours de… Ah, non, tu ne suis pas les cours d’arts, pas vrai? Dans ce cas je dois te laisser, il me faut me rendre au cinquième étage maintenant. Hum… Merci encore… conclut-elle toujours sans oser poser le regard sur sa collègue de classe.

Son estomac la tiraillait encore dans tous les sens à la suite de son malaise, et son cœur se faisait de plus en plus lourd dans sa poitrine à mesure qu’elle s’éloignait de Deryn, mais c’était plus fort qu’elle, Nayla n’avait pas le courage de la regarder à nouveau. Malgré tout, au bout de quelques pas, et toujours sans se retourner, elle laissa tomber une invitation, comme ça, dans le vent. De cette façon, si Black ne lui répondait pas, elle pourrait toujours essayer de se faire croire que celle-ci ne l’avait simplement pas entendue.

-Peut-être qu’on pourrait se rejoindre pendant le repas tout à l’heure… Euh, ou après, si tu as envie de rester à ta table, je comprendrais hein!

Car, après tout, même si la direction avait clairement indiqué que les élèves n’étaient pas tenus de manger toujours à la table de leur maison, sauf lors des événements officiels, la plupart des élèves avaient pris l’habitude de se tenir seulement avec « les leurs ». Les quelques exceptions étant souvent les membres d’une même famille qui ne s’étaient pas retrouvés dans la même couleur… autrement, l’esprit d’équipe (et de compétition) était déjà fortement présent à Poudlard. Particulièrement chez les Serpentard, d'ailleurs.

Lorsque Nayla causait un malaise, elle ne le faisait clairement pas à moitié! Maintenant, Deryn semblait toute aussi désemparée, ce qui ne collait clairement pas à son attitude habituelle, au point où ça ne faisait qu’embarrasser davantage la pauvre Drew. Pourquoi Black ne cessait-elle de rigoler soudainement? Depuis quand était-elle aussi maladroite dans ses propos? Leur séparation fut presque un soulagement, puisqu’elle brisait l’ambiance inconfortable dans laquelle la Poufsouffle les avait plongées. Momentanément, du moins, la faute de ramener le malaise revenant de droit à la jeune née-moldue, encore une fois !

Sa question soufflée avait été tellement stupide qu’elle espérait pouvoir la récupérer, la reprendre en plein vol, mais c’était impossible, bien sûr. Il ne lui restait qu’à croiser les doigts pour que Deryn ne l’entende pas, et au vu du petit délai que celle-ci prit pour lui répondre, Nayla avait cru un instant que c’était le cas! Mais non, Black l’avait bel et bien entendue et, toujours aussi embarrassée, acquiesça d’abord, avant de se corriger pour signaler qu’un de ses cours allait causer problème dans ce cas, et qu’il valait mieux qu’elles se retrouvent en soirée, après la botanique.

Étonnement, la pression qui écrasait la poitrine de Drew depuis plusieurs minutes s’envola, ne laissant place qu’à une nuée de papillons qui battaient doucement des ailes dans son estomac. Elle se tourna complètement pour faire à nouveau face à sa nouvelle amie, souriant franchement, tout malaise dissipé.

-Parfait, à tout à l’heure alors! Je t’attendrai dans la même salle d’études où tu m’as trouvée plus tôt! lança-t-elle gaiement, avant de s’empresser de reprendre le chemin du château. Elle ne voulait quand même pas être en retard en classe d’arts!


Le cours de botanique avait été aussi captivant que d’habitude, et avait rempli Nayla de bonheur. Elle qui n’aimait normalement pas se faire remarquer en classe, elle ne pouvait s’empêcher de répondre aux questions de leur professeur, son bras se levait tout seul, comme investi d’un puissant ressort. Elle en parvint même à oublier la petite nervosité qu’elle ressentait à l’idée de retrouver Deryn, un peu plus tard, dans la salle d’études. Elle était encore sur un petit nuage lorsque le cours pris fin, et qu’elle se dirigea naturellement vers la sortie, quittant les serres sur le rythme de l’habitude. Ce n’est qu’en retrouvant le hall du château qu’elle se souvint brusquement qu’elle devait retrouver Black. Affolée un petit moment, elle chercha partout autour d’elle pour repérer la petite tête verte, mais une foulée d’élèves plus âgés étaient arrivés entre temps, et son regard ne parvenait pas à porter au-dessus de leur grande taille! Impossible de repérer sa collègue de classe dans la cohue…

Il ne restait qu’à espérer que Deryn ne serait pas froissée qu’elle ne l’ait pas attendue à la sortie du cours. Mais après tout, il n’avait jamais été question de s’attendre, pas vrai, simplement de se rejoindre? Un peu inquiète malgré tout, Nayla couru dans les escaliers, manqua de tomber à plusieurs reprises, se trompa de couloir trois fois et fini par atteindre l’étage tant convoité après ce qui lui avait semblé une éternité. À l’approche du lieu de rendez-vous, Drew freina brusquement, hésitant à traverser la porte. Et si Black n’était pas là? Si elle en avait eu assez de l’attendre? Ou qu’elle avait été insultée qu’elles ne fassent pas la route ensemble?

Ou pire… Si elle avait oublié, tout simplement?

La Poufsouffle avala difficilement sa salive, sa gorge soudain asséchée par l’angoisse. Pourquoi l’idée que la Serpentard oublie simplement leur rencontre lui semblait-elle plus pénible que la possibilité qu’elle soit là, mais en colère de l’avoir fait attendre?

S’encourageant mentalement à franchir le dernier pas (car elle aurait eu l’air étrange de le faire de vive voix, et les gens la trouvaient déjà étrange), Nayla prit une profonde inspiration en se disant que, peu importe ce qui l’attendait dans cette pièce, ça ne pouvait pas être pire que la situation dans laquelle elle se trouvait le matin, seule et sans personne qui ne s’intéressait à elle. Après tout, si Deryn l’a larguait, elle retournerait simplement à la case départ, non?

Malgré tout, son cœur se rempli de bonheur et le poids sur ses épaules disparut aussitôt dès qu’elle vit que son amie l’attendait, comme convenu. Drew franchi le pas de la porte avec légerté malgré son essouflement évident. Certes, Black n’était pas contente d’avoir attendu, elle était clairement en colère que sa patience ait été « testée » de la sorte, mais… elle n’était pas partie, et cela suffisait à réconforter la Poufsouffle. Celle-ci démontra néanmoins du remord face aux reproches rudes de la Serpentard, en baissant la tête, allant même jusqu’à s’incliner légèrement, comme une servante.

-Je suis désolée… je… je me suis un peu perdue d.. dans le château. Il m’arrive encore d… d’avoir du mal à m’y retrouver, c’est tellement… tellement grand !

Pour une enfant qui avait grandi dans une demeure où il manquait d’espace pour la population, cela s’expliquait aisément. Mais est-ce que Deryn était capable de comprendre cela? Probablement pas. Elle venait, de façon évidente, d’une famille aisée, et devait avoir l’habitude du luxe et de l’opulence.

-Jamais, jamais, jamais je n’aurais manqué à ma parole envers toi, Deryn, précisa-t-elle en osant enfin relever la tête, avec un léger sourire aux lèvres malgré la remontrance de son amie, parce qu’elle était trop soulagée de la revoir. J'aurais dû t'attendre à la sortie du cours pour qu'on se rende ici ensemble, c'était très idiot de ma part, j'en suis consciente. Je crois que j'avais tellement hâte de retourner à la salle d'études que je suis partie en flèche, sans réfléchir, et je me suis trompée de chemin... plusieurs fois. Je te demande pardon.

Plus Deryn écoutait et observait Nayla, plus elle se rendait compte qu'elle la trouvait parfaitement adorable. Pas adorable comme un schappel tout doux, ces drôles de créatures que l'on donnait aux bébés pour les bercer, non. C'était... Autre chose, que Deryn avait du mal à catégoriser exactement dans le sens où elle n'avait jamais ressenti un tel sentiment envers quelqu'un. Elle en ignorait la raison profonde, mais de manière évidente, elle avait une forte envie de câliner et de protéger cette pauvre petite chose qui était devant elle, et qui avait une opinion si déplorable d'elle-même. Ce qu'elle ne comprenait pas, c'était le pourquoi de ce sentiment. Il est plus que probable que, dans la majorité des cas, Deryn aurait lentement mais sûrement écrasée une personne de ce genre, juste pour en retirer tout le jus possible et pour pouvoir l'utiliser dans son propre intérêt. Mais ce n'était pas ainsi que Deryn considérait Nayla : elle avait juste, au contraire, l'envie de la protéger, de la câliner, de la caresser, de...

Deryn secoua légèrement la tête pour se sortir de cette légère torpeur qui l'avait prise. Voilà qui était idiot comme fil de pensées. Elle aimait bien Nayla parce qu'elle était facile à appréhender et à diriger, c'est tout. Et puis c'était une fille, elle aussi, et ça c'était un avantage considérable au vue de l'opinion très réfractaire que Deryn ressentait envers la gent masculine. Il fallait bien dire que les garçons étaient idiots, ce qui n'aidait pas à se faire apprécier à ses yeux.

C'était donc avec ce second fil de pensée que Deryn finit par répondre à Nayla, lui parlant donc d'un ton quelque peu vigoureux.

"Oh, arrêtes de pleurnicher, tu veux? Tu es une sorcière, et tu te dois d'être une grande sorcière, et c'est tout. Si tu n'y arrives pas pour le moment, il va falloir que tu bûches, encore et encore, jusqu'à comprendre comment ça fonctionne."

Corrigeant distraitement sa copie sous l'indication de Nayla sans même chercher à comprendre ce qu'elle lui racontait - aux yeux de Deryn, une étoile était une étoile - Deryn se leva, attrapa Nayla par les épaules et l'obligea à la regarder droit dans les yeux, de son air sévère.

"Il n'y a rien de compliqué là-dedans, tu n'as juste pas fais attention. Vas-y, rechante ce passage. Tu vois? C'est la même intonation que le sort Protego. Et celui-ci? Ecoute-bien, change juste légèrement les paroles. Quel est ce sort?"

Deryn comptait bien faire en sorte que Nayla reprenne un peu confiance en elle. Sans qu'elle en comprenne réellement la cause, cela l'agaçait profondément quand celle-ci se morfondait, et lui faisait plaisir quand celle-ci se montrait souriante et audacieuse.